Dans une région côtière isolée, se tenait un phare abandonné, majestueux mais en ruine. Autrefois, il guidait les marins à travers des tempêtes impitoyables, mais maintenant, il était enveloppé de mystères et de légendes. Les habitants du village voisin l’appelaient le phare de l’oubli, un nom qui évoquait à la fois la mélancolie et la peur.
Chaque nuit, alors que la lune s’élevait dans le ciel, le phare s’illuminait soudainement, projetant un faisceau de lumière dans l’obscurité. Étrangement, personne ne savait qui l’allumait, ni pourquoi il brillait encore après tant d’années d’abandon. Les villageois, bien que fascinés, évitaient de s’en approcher, hantés par des histoires de disparitions inexplicables.
La légende racontait que quiconque s’approchait trop près du phare disparaissait sans laisser de traces. Des voyageurs, des curieux, même des aventuriers intrépides avaient tenté l’expérience, mais aucun n’était revenu. Au fil des ans, des rumeurs circulèrent : certains disaient que le phare était hanté par des âmes perdues, d’autres que son faisceau attirait les vivants vers un monde invisible.
Un jour, une jeune femme nommée Alice, avide de vérité et de sensations fortes, décida de percer le mystère. Elle avait toujours été fascinée par les histoires de son enfance et rêvait de découvrir ce que cachait le phare. Les mises en garde des villageois ne l’arrêtèrent pas. Avec une lampe torche et une détermination inébranlable, elle se dirigea vers le phare au crépuscule.
Arrivée sur la plage, Alice sentit une étrange atmosphère l’envelopper. La lumière du phare dansait au loin, comme un phare dans l’obscurité de son esprit. Alors qu’elle avançait, un frisson parcourut son échine. Elle entendit des murmures, des échos de rires et de cris, des sons qui semblaient l’appeler. Ignorant l’angoisse qui montait en elle, elle continua.
L’entrée du phare était bloquée par des débris, mais Alice réussit à pousser une porte rouillée. À l’intérieur, elle découvrit un escalier en colimaçon qui menait à la lanterne. Les murs étaient couverts de moisissures et de graffitis, vestiges des âmes qui avaient passé ici avant elle. En montant les marches, elle sentit le poids de l’histoire et des disparitions qui l’entouraient.
Enfin arrivée au sommet, elle ouvrit la porte de la lanterne. La vue était spectaculaire, mais ce qui l’attira vraiment, c’était la lumière qui pulsait doucement, presque hypnotiquement. Elle s’approcha, fascinée. Alors qu’elle tendait la main vers le faisceau, une étrange force sembla l’aspirer. Le temps s’arrêta.
Alice ferma les yeux, submergée par une vague de souvenirs et d’images floues. Des visages passèrent devant elle, des rires résonnèrent, mais elle ne comprenait pas. Était-ce une illusion ou une connexion avec les disparus ? Soudain, elle se rappela les avertissements des villageois. Elle se mit à reculer, réalisant qu’elle ne devait pas céder à l’appel de la lumière.

Mais il était trop tard. Un bruit sourd résonna, et le sol se mit à vibrer sous ses pieds. La lumière devint éblouissante. Elle se retourna pour fuir, mais la porte de la lanterne se refermait lentement. Dans un ultime effort, elle se précipita vers la sortie, sentant l’air frais de l’extérieur l’appeler.
Alice réussit à sortir juste à temps, haletante et tremblante. Elle se retrouva sur la plage, la lumière du phare derrière elle. Les murmures s’éteignirent lentement, mais une nouvelle sensation l’envahit : elle était différente. Un sentiment de perte l’accompagnait, comme si une partie d’elle-même était restée prisonnière du phare.
Les jours passèrent, et bien qu’Alice ait échappé au sort des disparus, elle ne pouvait oublier ce qu’elle avait ressenti au sommet. Les villageois, alarmés par son histoire, commencèrent à parler de la nécessité de détruire le phare. Mais Alice, bien que troublée, savait qu’il renfermait des histoires, des âmes, et des souvenirs précieux.
Ainsi, le phare de l’oubli continua de briller chaque nuit, veillant sur les rivages. Alice, désormais gardienne de ce secret, s’engagea à protéger la mémoire de ceux qui avaient disparu. Le phare devenait un symbole d’avertissement et de respect, une lumière mystérieuse rappelant que certains mystères devaient rester intacts, préservant à jamais les histoires des âmes perdues.